L'exposition La Voie du Baye Fall est le fruit d'une immersion de l'artiste Fabrice Monteiro au sein d'une communauté baye fall de la capitale sénégalaise. D'abord objets d'une fascination esthétique, les Baye Fall suscitent peu à peu un véritable intérêt anthropologique chez le photographe. Après la réalisation d'une première série de photographies axée essentiellement sur la force esthétique de ses modèles, il se consacre à un long et minutieux travail de photo-reportage. Il se rapproche en 2011 de la communauté du marabout Cheikh Abdou Karim, fils de Serigne Falilou M'Backé et petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride, et en partage le quotidien pendant près de deux ans. Il devient le témoin privilégié de la vie ordinaire comme des moments forts qui rythment le calendrier de la communauté. Située dans la ville de Guédiawaye en banlieue de Dakar, elle fait partie de la fondation Dieuf Dieul, "donner et recevoir" en wolof, créée à l'initiative du Cheikh Abdou Karim, qui fédère une cinquantaine de communautés baye fall au Sénégal et à l'étranger, avec une forte concentration à Dakar. L'exposition se compose de trois temps
forts : un diaporama de portraits et de scènes foisonnantes qui retrace le voyage initiatique du photographe au sein de la communauté, une série de scènes collectives déroulant le fil d'une histoire originale, puis une galerie de portraits à l'esthétique en clair-obscur proche de la tradition picturale classique.
Fabrice Monteiro, belgo-béninois de culture, ne s'orientait pas spécialement vers l'Art. Ingénieur industriel de formation puis mannequin de profession, il cultive habilités, savoirs et bagages photographiques sans pour autant directement s'y consacrer. Parcourant le monde dans le cadre de son activité modiste, il rencontre en 2007 le photographe new-yorkais Alfonse Pagano qui devient rapidement son ami et mentor dans une discipline à laquelle il l'initie. Sa force créative assumée, il s'attèle à la construction d'un univers visuel à son image: métissé. À la frontière entre photo-reportage et photographie d'art, il se découvre un goût pour le portrait, les regards et la sensibilité qu'ils lui permettent, mais surtout pour sa terre d'origine, l'Afrique. Profondément et génétiquement transculturel, il ne se laisse pas pour autant surprendre par le clivage ou les partis-pris, mais cultive sa richesse particulière par la projection d'un double regard sur les thématiques qu'il aborde. Fabrice Monteiro a présenté la série de photographies Blaxploitation à l'Institut français lors de la dernière biennale de Dakar, Dak'Art 2012, et a participé à l'exposition collective Le Piéton de Dakar à la Galerie Le Manège en juin 2013.
www.fabricemonteiro.com
www.institut-cultures-islam.org
www.tandem-dakarparis.com
Une exposition coproduite avec l'ICI (Institut des Cultures de l'Islam) dans le cadre du Tandem Dakar-Paris. Depuis son ouverture en 2006, l'ICI s'attache à montrer la diversité des formes et cultures liées à l'Islam, que ce soit en contexte minoritaire comme à New York ou à Paris, dans le monde arabe mais aussi au-delà, en Turquie, en Asie centrale ou encore en Iran. À l'occasion du Tandem Dakar-Paris, c'est l'Islam subsaharien que l'ICI a mis à l'honneur, et notamment la confrérie baye fall, avec l'exposition de Fabrice Monteiro présentée en décembre 2013.
Fabrice Monteiro