Tout en gardant ces racines africaines qui font le charme incroyable de leur musique métissée, le groupe s'aventure aussi ici sur de nouvelles pistes peu fréquentées tout en développant encore la palette multiple des claviers, percussions ou des instruments dits ethniques avec toujours cette élégance et ce sens de l'humour, unique.
Hadouk est un monde par lui-même, fait de racines aériennes et de terres rêvées, un continent imprévu qui pointe entre l'Afrique et l'Orient, un rivage improbable qui s'avance entre jazz et world, une véritable rose des vents qui se dessine sur le portulan des musiques du monde. Bref, Hadouk c'est une cosmologie en soi, avec ses constellations et ses horizons libres, ses lignes de grande transhumance et ses astres de première magnitude.
Après avoir célébré la chimère totémique ("Shamanimal") et s'être hissé au sommet du perpétuel présent ("Now"), le trio se voit couronné d'une Victoire de la Musique pour son cinquième album, "Utopies", aux tournoiements météoriques. Sur les traces mêlées d'Hermann Melville et de Saint-Exupéry, Hadouk joue désormais la fille de l'air. En terrain connu, certes, mais toujours en mouvement vers quelque terra incognita, nos trois baroudeurs de sons ouvrent ici d'autres pistes auxquelles font maintenant échos de nouvelles lignes aériennes… Bienvenue à bord d'Air Hadouk ! Transport garanti sans kérosène, décollage "aérozen", pour un périple aux destinations en devenir. Plus élégant que le low coast, plus chic encore que le saut orbital du tourisme spatial, "Air Hadouk" offre un survol planétaire aux saveurs hédonistes, naturellement poussé par la brise et l'aquilon. En ligne de mire : cet horizon où confins et intime se rejoignent, et depuis lequel les rivages continentaux se redessinent à l'aune de nouvelles métamorphoses instrumentales.
Ainsi le khen, orgue à bouche du Laos, se solarise de contours électriques ; le hang, au croisement chatoyant du steel drum et du gamelan, se dédouble et s'ouvre au chromatisme ; le doudouk se jazzifie du côté de chez Monk ; le hajouj, basse du désert à peau de dromadaire, devient piccolo pour prendre de la hauteur, alors que fait son apparition la flûte bahu, anche libre chinoise jouant de ses ondulations ourlées… Autant de territoires sonores qui s'inventent dans la distance prise avec le terroir d'origine.
Visant l'azur, Hadouk épure ses lignes, s'allège et s'élève, plus aérien que l'atmosphère. Swing et loopings, mélodies en escadrilles, haute voltige rythmique et harmonies planantes, nos trois copilotes optent résolument pour le jeu des figures libres. Mais ils sauront aussi vous conduire, sans turbulences, vers un atterrissage en douceur. Bon vent !