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Kayelitsha, aujourd'hui.
Un township, à proximité du Cap, que la fin de l'Apartheid semble n'avoir pas touché. Deux gamins de 14 ans, Madiba et Sipho, jouent le long d'une voie de chemin de fer. Passe un train. Un cadavre en est éjecté et roule à leurs pieds. Une chaîne métallique relie le poignet du défunt à un attaché case. Les enfant y trouvent un pistolet et une caméra vidéo. A Sipho le pistolet et à Madiba la caméra. Leurs destins sont scellés.
Madiba construit une caméra de bois pour y cacher le caméscope, afin d'éviter les questions embarrassantes et le racket. Il commence à filmer le township et ses habitants. Il découvre ainsi l'étrange beauté du lieu dans lequel il vit.
Sipho, le meneur, emmène Madiba et ses copains au Cap, la ville blanche si proche et si exotique aux yeux des enfants. Alors que Sipho s'acoquine avec les gamins des rues et organise des trafics, Madiba filme la ville, ses immeubles immenses, son agitation et le luxe qui s'étale dans les vitrines.
Dans une librairie il filme une jeune blanche en train de dérober un livre. Leurs regards se croisent. En sortant elle lui tend le livre où elle a pris soin d'écrire son nom: Estelle.
Estelle fait partie de la grande bourgeoisie blanche du Cap; père businessman, vie aisée, préjugés bizarrement peu remis en cause par le changement de régime. Elle cherche désespérément à respirer l'air du temps; sa famille l'en empêche. Elle se révolte, entre deux cours de musique prodigués par Mr. Shawn, un vieil humaniste qui ne fait pas de différence entre blancs et noirs et qui, déjà sous l'Apartheid, allait enseigner dans les townships. Elle pense à Madiba, ce garçon avec sa drôle de caméra et sa sensibilité à fleur de peau.
Sipho, dont la vie se joue maintenant entre sniffs de colle et délinquance, devient un petit caïd des rues du Cap. Madiba filme sans relâche, et rêve de la petite blanche qui lui a tendu la main. Ils se retrouvent quelques jours plus tard et petit à petit une tendre amitié naît et grandit entre eux.
Des premiers pas d'un cinéaste en herbe qui donne ses lettres de noblesse à son township, jusque au destin tragique de Sipho, voyou au grand cœur que ses folies mènent à la morgue, LA CAMERA DE BOIS raconte l'histoire d'une amitié entre deux enfants, incompris de leurs parents, qui refusent ce qui leur apparaît comme une compromission avec l'ennemi. Il faudrait toute la détermination des enfants, toute l'intelligence de Mr. Shawn qui sait que la musique n'a pas de couleur, pour donner une chance à l'impossible. Mais les enfants se séparent, tentés par le repli identitaire.
Sipho est abattu par la police au cours d'un hold-up qui tourne mal. Estelle et Madiba se retrouvent à son chevet.
L'espoir, extraordinaire et fragile, pour une fois prend le dessus sur l'esprit de revanche et la haine de l'autre.
Director : Ntshavheni Wa Luruli
Producer : Olivier Delahaye
Script : Yves Buclet, Peter Speyer
Co-producers : Ben Woolford, Richard Green
Production Cies ODELION, Tall Stories, RG&A
Cinematography : Gordon Spooner
Production Designer : Jean-Vincent Puzos
Editor : Kako Kelber
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