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Qu'on l'appelle cinémathèque algérienne ou musée du cinéma, ce n'est vraiment pas là l'essentiel.
Qu'on l'appelle Cinémathèque algérienne ou musée du cinéma, ce n'est vraiment pas là l'essentiel, l'essentiel étant plutôt tout l'actif culturel capitalisé par cette prestigieuse maison du septième art. Et un certain Boudjema Karèche, directeur de ladite institution, quasi-mythique, n'y est pas étranger pour le moins. Car l'homme, déjà incollable, paraît-il, question cinoche, a su et pu, souvent dans un environnement hostile, tenir tout de même bon la barre, plier sans jamais rompre et survivre enfin à tous ces multiples et traître crocs-en-jambe, dont les cultureux affectionnent tant la pratique systématique. Mieux, le sieur Boudjema dont le nom, au vrai, est indissociable de l'office qu'il dirige et diligente en véritable timonier, a été de tous les combats porteurs d'un projet et d'un substrat culturels qui se revendique de la modernité. Ce qui n'est pas allé sans moult oppositions et dérives de fossoyeurs de la culture et de leurs relais privilégiés : les cultureux. D'autant que l'homme est un fonceur qui n'hésite point –intime conviction oblige- à bousculer le désordre établi et toutes les pesanteurs qui obstruent les chemins des frères lumières. Passionné et passionnant, Boudj s'est inversti en tous cas, à fond, et sans qu'aucun intérêt autre que le septième art, ne sous-tende la chose, dans cette œuvre de salubrité publique que constitue, à bien des égards, la culture. Connu et reconnu autant par ses pairs d'ici et d'ailleurs, l'homme a roulé sa bosse et quiconque, dit-on, a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu. Car ce bourlingueur impénitent qui a fait du cinéma sa raison d'être et de vivre, n'a raté quasiment aucune des grandes manifestations culturelles cinématographiques de référence.
Ceci, nonobstant toutes les figures emblématiques de septième art séduites par ce personnage à l'érudition remarquable dans son domaine et à l'humilité rarissime. Que de stars ont défilé chez nous par les seules grâces et compétences de ce féru de ciné qui a le chic de savoir convaincre et "harponner" jusqu'aux plus sceptiques. Mais, dispose-t-il sans doute de cette espèce de sésame si propice à la convivialité et à l'entregent. Et qu'on l'aime ou pas importe peu au fond puisque, quoiqu'on dise, il reste, à bien des égards, un personnage atypique et à coup sûr incontournable.
A. Zentar